La fin de mes études et le confinement auront au moins eu le mérite de me permettre de reprendre une activité que j’avais un peu mise de côté faute de temps : la lecture (la lecture plaisir surtout). J’en ai donc profité pour lire, beaucoup, des livres que j’avais depuis longtemps sur ma liste ou qui me faisaient simplement envie.
J’ai eu de véritables coups de cœur que j’avais envie de partager avec vous pour vous inviter également à lire. Depuis la pandémie, la culture est à l’arrêt, bafouée, empêchée. Et finalement, la lecture reste le seul moyen de s’évader de son quotidien, de se cultiver, d’ouvrir son esprit. Alors lisons !
Etrangement, il y a un point commun à tous les livres que je vais vous présenter (sauf un) bien que leurs thèmes diffèrent : c’est Paris. L’amour de Paris. Peut-être avais-je besoin de fantasmer sur cette capitale qu’on a pu tant détesté pendant le confinement en nous privant de tous les privilèges chèrement payés. Peut-être avais-je besoin de voir cette ville à travers les yeux d’autres amoureux. J’ai ainsi nourri cette vision idéalisée de Paris à travers ces livres :
- Katerina, James Frey.
- En attendant Bojangles, Olivier Bourdeaut.
- La femme révélée, Gaelle Nohant.
- La gloire des maudits, Nicolas d’Estienne d’Orves.
- Le scandale Modigliani, Ken Follet.
- La passe-miroir, T4 : La tempête des échos, Christelle Dabos.
Katerina
Résumé : 1992. Jeune étudiant américain, Jay décide de tout quitter pour aller s’installer à Paris, où il rêve de devenir écrivain. L’inspiration tardant à venir, il se réfugie dans l’alcool, la drogue, enchaîne les rencontres d’un soir et semble plus enclin à multiplier les frasques qu’à écrire l’œuvre vouée à « réduire le monde en cendres », comme professé par son maître Henry Miller. Vingt-cinq ans plus tard, miné par la dépression contre laquelle il lutte quotidiennement, l’écrivain, devenu célèbre, revient sur sa rencontre avec la jeune Katerina, qui n’a cessé de le hanter.
Préquel du très controversé Mille morceaux, écrit dans le même style percutant, Katerina questionne les frontières entre fiction et réalité pour mieux compléter les mémoires de l’écrivain américain le plus sulfureux de notre époque.
J’ai vraiment A-DO-RE ce roman. Le style de James Frey est très particulier : direct, cru, sans fard. Et cela fonctionne : l’auteur nous prend, nous rejette, nous émeut, nous tourmente. Nous vivons avec lui les déboires de sa vie, ses peines et ses amours vécus toujours avec la passion du désespoir. Il nous emmène dans un Paris loin des clichés, parfois sale, parfois délabré, parfois sublime, parfois chic. Il aime Paris, et nous fait aimer son Paris à lui, celui qu’il a connu, et qui l’a vu évoluer. Il nous emporte dans sa quête d’écriture, son désir de communiquer à autrui toute la richesse des mots. Il nous dévoile ses états d’âmes, ses déprimes, ses addictions. Mais il nous révèle également ce que c’est que vivre avec passion et aimer avec passion. Vous l’aurez sans doute compris, le titre du roman est le nom d’une femme, Katerina, qui bouleverse la vie de Jay. Passée et futur se mêlent, nous faisant partager la passion qu’il a nourri pour elle. Pourquoi reprend-elle contact après tout ce temps ?
En attendant Bojangles
Résumé : Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis. Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
L’optimisme des comédies de Capra, allié à la fantaisie de L’Écume des jour.
Ce roman est la lettre d’amour d’un enfant à ses parents, tous particuliers qu’ils soient. C’est le regard rétrospectif d’un homme sur son enfance pas comme les autres avec des parents pas comme les autres. Rires et pleurs se mêlent face à cette histoire touchante. A quel moment la folie devient-elle dangereuse ? A quel moment dire stop ? Dans ce Paris fou, ils font le pari fou de vivre à leur façon sans se soucier des autres ou des coutumes. Cette histoire est aussi et surtout le dessin de l’amour passionnel d’un couple, prêt à tout pour préserver et renouveler leur complicité. C’est beau, c’est drôle, c’est triste, et en même temps c’est plein de sagesse et d’espoir.
Ces deux premières lectures ont été découvertes ou conseillées par Les Claques Littéraires de Constance Arnoult (@constancearnlt sur Instagram) que je vous invite à suivre et qui est très inspirante.
La femme révélée
Résumé : Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, emportant quelques affaires, son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie au risque de tout perdre ?
Vite dépouillée de toutes ressources, désorientée, seule dans une ville inconnue, Eliza devenue Violet doit se réinventer. Au fil des rencontres, elle trouve un job de garde d’enfants et part à la découverte d’un Paris où la grisaille de l’après-guerre s’éclaire d’un désir de vie retrouvé, au son des clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés. A travers l’objectif de son appareil photo, Violet apprivoise la ville, saisit l’humanité des humbles et des invisibles.
Dans cette vie précaire et encombrée de secrets, elle se découvre des forces et une liberté nouvelle, tisse des amitiés profondes et se laisse traverser par le souffle d’une passion amoureuse.
Mais comment vivre traquée, déchirée par le manque de son fils et la douleur de l’exil ? Comment apaiser les terreurs qui l’ont poussée à fuir son pays et les siens ? Et comment, surtout, se pardonner d’être partie ?
Ma mère a trouvé cette pépite dans une boite à lire et c’est d’autant plus satisfaisant de lui donner une seconde vie ! J’ai beaucoup aimé cette histoire où l’on suit la fuite d’Eliza de sa terre natale. A son arrivée à Paris sous de faux papiers, elle devient Violet, une Américaine photographe veuve. Entre mensonges et semis vérités, elle tente de se reconstruire. Eliza n’a pas seulement fuit une vie qu’elle ne supportait plus mais elle a fuit la personne qu’elle était devenue. L’amour de la photographie est la seule chose qui l’a suivi. Les flashbacks nous apporte au fur et à mesure des précisions sur la raison de son départ, sa vie à Chicago, sa personnalité. Nous voyageons entre Paris, ville foisonnante où elle se crée une nouvelle vie bercée par le jazz, la photographie, et sa peur d’être retrouvée, et Chicago, ville autant détestée qu’adorée où les violences font rage au temps des luttes contre l’apartheid. Nous nous attachons à Violet, et espérons jusqu’à la fin qu’elle pourra se réconcilier avec elle-même et avec son fils.
NB : joie de se remémorer ses cours de sociologie américaine. Chicago, berceau des interactionnistes et de la sociologie des villes.
La gloire des maudits
Résumé : Paris 1955. Fille d’un collaborateur exécuté sous ses yeux à la Libération, Gabrielle Valoria doit écrire la première biographie de Sidonie Porel. Mais qui est vraiment Sidonie Porel ? La plus célèbre romancière de son époque ou une imposture littéraire ? Une grande amoureuse ou une manipulatrice ? En plongeant dans le passé de cette femme qu’elle craint et qu’elle admire, Gabrielle découvre un univers où grouillent les menteurs et les traîtres. Ecrivains, politiciens, journalistes, prostituées, grands patrons : tous cachent un secret mortel.
Dans Les Fidélités successives, Nicolas d’Estienne d’Orves explorait les ambiguïtés de l’Occupation, avec La Gloire des maudits, il s’attaque aux mensonges de l’après-guerre. Ce tableau romanesque d’une France au lendemain du chaos, où l’on croise les grandes figures du Paris intellectuel et artistique des années 1950, montre que le passé nous rattrape toujours et que les guerres ne se terminent jamais.
En route vers le Paris littéraire d’après guerre, où l’on suit les mésaventures d’une fille de collabo, meurtrie par la mort de son père et la déroute de son milieu. Sans le sou, elle fait la rencontre d’un mystérieux homme abîmé par la guerre qui cherche à révéler le vrai visage de l’une des plus grandes écrivaines : Sidonie Porel. Gabrielle est ainsi emporté dans un monde qu’elle a quitté, à jouer double voire triple jeu, prise entre différentes intrigues et différents enjeux. Roman passionnant qui nous dépeint une autre facette de la France sous l’Occupation, de l’épuration, et l’après-guerre. On est également embarqué dans le monde des écrivains du temps de Duras, de Sartre, de Queneau et tant d’autres. Le suspens nous suit jusqu’aux dernières pages !
Le scandale Modigliani
Résumé : Une jeune, brillante et séduisante étudiante en histoire de l’art, décidée à écrire sa thèse sur la relation entre la drogue et la créativité artistique, découvre par la même occasion l’existence d’un Modigliani perdu ; elle décide de se lancer sur ses traces, entraînant derrière elle une série de personnages hétéroclites : des peintres, talentueux et méconnus, en colère contre le mercantilisme du marché de l’art ; des faussaires, des négociants d’art peu scrupuleux et un jeune propriétaire de galerie d’art, acculé au désespoir, vont se croiser, s’entrecroiser, sur les routes de France, d’Angleterre ou d’Italie du sud !
Comment faire une sélection de mes coups de cœur sans parler de Ken Follet, mon auteur préféré ? C’est très agréable de retrouver la plume de l’auteur dans un roman plus court, plus contemporain. Il brille comme à chaque fois en mêlant les personnages, leurs intrigues, leurs histoires de vie. On suit ainsi différents personnages à la recherche d’un Modigliani perdu, d’autres s’opposant au marché de l’art en créant des faux. Qui va donc le trouver en premier ? Comment combattre ce monde de l’art cruel ? L’intrigue est savamment menée et distillée, en nous montrant comment les vies de ses personnages influent sur celles des autres.
La tempête des échos
Résumé : Les effondrements se multiplient, de plus en plus impressionnants: Babel, le Pôle, Anima… aucune arche n’est épargnée. Pour éviter l’anéantissement total il faut trouver le responsable. Trouver l’Autre. Mais comment faire sans même savoir à quoi il ressemble ? Plus unis que jamais, Ophélie et Thorn s’engagent sur des chemins inconnus où les échos du passé et du présent les mèneront vers la clef de toutes les énigmes.
Après tant d’attentes, ce fut un plaisir de retrouver Ophélie et Thorn pour la fin de leurs aventures. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas cette saga fantasy, c’est l’histoire d’un monde qui explosa en morceaux formant des îles nommées Arches. Sur chacune d’entres elles, règnent une entité appelée esprit de famille, à l’instar d’un Dieu. Tous sont frères et sœurs, mais tous ont des pouvoirs spécifiques. L’héroïne, Ophélie, vient de l’arche Anima où tous les objets ont une âme. La particularité d’Ophélie est, qu’en tant que liseuse, elle est capable de lire le passé d’un objet en le touchant. Ce qui la rend également unique est qu’elle peut traverser les miroirs ; c’est d’ailleurs en en traversant un qu’elle se retrouva coincée, devenant terriblement maladroite. En raison de sa qualité de liseuse, Ophélie est mariée de force à Thorn, un homme froid venant de l’Arche du Pôle. Ne pouvant refuser ce mariage sous peine d’être bannie et reniée, elle part avec son futur époux au Pôle où les intrigues politiques font rage. Propulsée dans un monde qu’elle ne connait pas, avec un mari qu’elle exècre, Ophélie devra faire face à de nombreux défis, et s’endurcir pour comprendre son rôle auprès de Farouk, l’esprit de famille, qui souhaite désespérément lire le livre que son créateur lui a donné.
La tempête des échos est ainsi le quatrième et dernier tome de la saga qui répond enfin à nos questions sur la création des esprits de famille, le déchirement du monde, les particularités d’Ophélie… Une saga enchantée, digne successeuse des Harry Potter ! A lire absolument.